
Être ou ne pas être sur les réseaux... That is the question !
Pendant plusieurs mois - pour ne pas dire années - je me suis demandée si je "devais" ou "ne devais pas" être sur les réseaux sociaux pour développer mes activités professionnelles.
J'ai commencé à me poser la question alors que je m'étais naturellement inscrite sur Facebook pour avoir des contacts dans le monde du yoga et de la danse latine. C'était rapide, pratique et efficace. Et puis j'ai eu le sentiment d'une bascule, de tomber dans le "too much" : trop d'informations, trop d'invitations, trop d'inconnus sur mon compte etc.
La période de la pandémie et son "stop" obligatoire m'a invité à bien reconsidérer la question et j'ai compris que peut-être "devais-je" être sur les réseaux sociaux pour tout un tas de raisons valables mais peut-être que je n'en avais plus envie...
J'ai alors fait ce pari fou de quitter Facebook, provisoirement puis définitivement.
Un cap à passer
Les premières semaines m'ont semblé un peu bizarre, je n'avais plus autant de distractions, je me demandais ce qui se passait de l'autre côté de l'écran, j'avais peur de louper des trucs, que mon manque de connexion me fasse perdre des opportuntiés.
Et puis j'ai pris goût à retrouver cette sensation de vide et de silence que j'avais peu à peu, discrètement mais surement, perdu.
J'ai revu des ami.e.s et des connaissances en vrai, qui me demandèrent ce que je devenais car on "ne me voyait plus sur Facebook". Intéressant pour moi de constater que l'absence de la plateforme pouvait être traduite par une absence d'activité alors que je vivais l'exact opposé.
Les réseaux prennent du temps
Bien que j'adorais l'aspect "lien social" de Facebook, je regrettais de perdre du temps que je ne retrouverai plus et aussi de sentir que mon espace mental s'agitait d'avantage qu'à l'époque où je ne l'utilisais pas.
Retrouver ce temps perdu m'a décontenancé au début car j'ai pris conscience de toute l'attention que je donnais à Facebook et que je n'utilisais plus ailleurs.
J'ai repris goût à la lecture, à choisir des blogs à lire sur le net au lieu de scroller mon écran, à téléphoner ou envoyer des sms à des ami.e.s car je ne les "voyais plus" sur Facebook. Un vrai délice. Et surtout j'ai retrouvé des temps pour "ne rien faire". Quelques minutes de vide par-ci par-là que j'employais habituellement pour poster quelque chose afin qu'on n'oublie pas mes activités.
J'ai réappris à faire confiance au silence et à l'absence de communication.
Troquer un réseau pour un autre
Cela faisait plusieurs mois que je n'utilisais plus Facebook et que je le vivais très bien lorsque j'ai eu l'idée de créer un compte Instagram, pour voir...
Je ne connaissais pas Instagram à l'époque et j'étais bien décidée à ne pas "me faire avoir".
Et pourtant... Sans m'en rendre compte, d'abonnement en abonnement, de posts en posts, de semaines en semaines et mois après mois, je suis devenue addict à Instagram.
Il faut avouer que cette plateforme est vraiment bien faite : intuitive, de jolies couleurs, un sentiment d'autonomie et d'honneté (on ne parle pas "d'amis" mais "d'abonnés"), j'avais l'impression que je pourrais davantage contrôler mon temps et mesurer ce que je regarderai ou pas.
Mais non, c'est tout l'inverse qui s'est produit. Mon fil d'actualité est devenu de plus en plus dense, complexe et incohérent (merci les posts-pub). Plus je m'abonnais plus je sentais que je "loupais quelque chose", que je devrais m'abonner à untel et unetele.
Et puis est apparu un sentiment d'angoisse à chaque fois que je me connectais...
Au début presque imperceptible et de plus en plus important, ça vous parle ?
La comparaison... Et si on en parlait ?
J'ai senti de plus en plus de pression dans mon environnement professionnel (surtout en libéral artistique et spirituel) : "Quel est ton Instagram ?", "Tu as publié sur Instagram ? ," "Ah mais tu ne communiques pas assez sur tes activités, il faut être sur Instagram !", "Tu as pensé à faire ta storie ?!?", "On peut te conseiller des modèles de comptes Instagram qui marchent bien !", "Surtout prends des photos et des vidéos pour Insta." etc etc.
Mais voilà, moi, Instagram, ça me stresse.
Et pourquoi ?
Pour plein de raisons et notamment à cause de la comparaison.
Comme je suis de nature perfectionniste et très sensible, c'est compliqué pour moi de gérer la vision de 50 images par minute qui défilent et me montrent tout ce que les autres font d'extraordinaire.
Au début cela me provoquait un certain enthousiasme, une motivation, des déclics, mais rapidement, un sentiment de ne jamais faire assez m'envahissait, au point de faire de véritables crises d'angoisse après 15 minutes passées sur Instagram.
Et je sais que je ne suis pas la seule. Comment notre cerveau peut-il gérer autant de flux d'images et d'informations ? Ce n'est pas du tout naturel.
L'obsession photo-vidéo
Est-ce normal de passer autant de temps avec son smartphone à tout photographier, tout filmer ?
Lorsque je donne un cours de yoga ou de danse latine, je n'ai aucune envie de passer du temps à filmer mes élèves, à part si cela a un sens au niveau pédagogique. Ce que j'ai envie est de créer une atmosphère bienveillante, un sas de décompression, un moment d'évasion loin de l'univers photo-vidéo qui prend tant d'énergie et nous éloigne de l'instant présent.
Lorsque je peins, je n'ai aucune envie de me filmer, de me photographier, de penser mon moment créatif en fonction des images que je dois produire pour Instagram.
Car il faut bien l'avouer, les professions libérales actuelles, que ce soit les artistes ou n'importe quelle autre profession, doivent "se montrer" et donc doivent réfléchir leur activité de plus en plus en fonction des images à publier.
Je n'ai aucune envie de penser mes ballades en fonction des posts à publier sous le titre "prendre un moment pour se relaxer c'est important".
Franchement, est-ce que c'est relaxant de se promener en prenant des photos pour informer qu'il faut prendre du temps pour se relaxer ?
Revenir à l'essence de notre métier
Publier des images tous les jours pour assurer d'être visible est pour moi un absolu non-sens.
Je suis Artiste et je suis Pédagogue. Mon job est de créer de la beauté et de transmettre des connaissances. Et j'ai besoin de temps pour créer, pour me former, pour explorer.
Je ne suis pas photographe et encore moins chargée de communication.
Je n'ai pas envie de passer autant de temps à créer un flux d'images et de contenu alors que je n'ai même pas l'assurance que ce sera visible (n'oublions pas que nous ne maitrisons pas les algorithms d'Instagram et que nos posts et images ne nous appartiennent pas).
Alors oui j'entends que c'est "indispensable", qu'il "faut vivre avec son temps", "que maintenant c'est comme ça qu'on se fait connaitre".
Et pourtant j'ai envie de faire ce pari fou qu'il existe un tas d'autes moyens de communiquer, de parler de son travail, de son art, de ses activités et que chacun.e peut déployer une créativité illimitée et un réseau suffisant sans les réseaux sociaux.
Affaire à suivre...
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